A partir d'aujourd'hui, à la maison du tourisme à Goumois Le Pays 19/08/1991 Fermer
Roger Clavequin, peintre du terroir Roger Clavequin préparant sa dernière exposition fin 1990 à son atelier galerie de la rue du Château (Photo "LE PAYS" A. R.)
Les paysages comtois de Roger Clavequin sont, cet été, encore une fois à l'honneur à la maison du tourisme ainsi qu'au Moulin du Plain à Goumois, A l'honneur une dernière fois, peut-être, car le peintre, amoureux du terroir comtois, est décédé en mai de cette année. Les amateurs retrouveront à partir d'aujourd'hui les paysages éternels des plateaux, immortalisés avec talent sous les traits précis du couteau de l'artiste montbéliardais.
Il ne s'agit pas virtuellement d'une exposition rétrospective mais bien d'un rendez-vous pris du vivant de Roger Clavequin. Ce dernier exposait une année sur deux à Goumois, plantant de temps à autre, à la belle saison, son chevalet sur les rives du Doubs. Rives qu'il savait rendre, comme nul autre, enchanteresses (voir je témoignage de Pierre Choulet dans notre édition du 17 août). Sa famille, son fils Gilles en tête, a souhaité aussi honore ce rendez-vous avec l'aide de Michel Schwartz, l'ami de longue date.
Un itinéraire complexe
L'œuvre de Roger Clavequin, peintre montbéliardais, est immédiatement identifiable pour l'amateur averti. Ce que Chaboudé expliquait ainsi, à l'occasion d'une exposition montée en décembre 1975, à la MJC de Montbéliard.
"Les embrasements d'une symphonie or et cuivre majestueuse
et impalpable". Il est vrai que son ami Dany Gosselin, maître des lieux jusqu'en 1980, était un de ses plus fidèles supporters locaux. Il avait offert au peintre la possibilité d'illustrer les numéros  de l'éphémère " Cramaillot ", revue locale parue au tout début des années 1980. Ses talents d'illustrateur lui valurent également de travailler au livre " Vernais-les-Baudets ", signé de l'auteur comtois René Paris. L'itinéraire de l'artiste est aussi complexe. Et, si dans les dernières années de sa vie, il retrouva les valeurs de la peinture à l'huile, Roger Clavequin passa sa carrière professionnelle en véritable chercheur, De ses premières oeuvres datées de 1941, en passant par un art consommé du vitrail, jusqu'au travail des émaux et la sagesse et la maîtrise des dernières années. L'art du verrier. Installé en 1965 au quai des Tanneurs à Montbéliard, son premier atelier de peintre professionnel - le 65 ressemblait à un laboratoire. Au tout début des années 1970, les fresques  murales lui permirent de perfectionner sa technique, mélangeant rouleau et spatule. Il a travaillé ainsi au lycée des Huisselets, dans les locaux de l'équipement route d'Héricourt à Montbéliard. 
Les années 1972 lui ont ouvert la parenthèse des émaux dont il faisait des bijoux curieux. En 1974, une exposition aux" Doigts de fée ", place Denfert toujours à Montbéliard, présentait des paysages et des fleurs à la manière expressionniste, presque tachiste. Le verre lui a inspiré également quelques superbes oeuvres, commandes de particuliers : " Teddy " rue de la Schliffe, le Café Central quai des Tanneurs et le restaurant " La Tour Henriette" au faubourg de Besançon en conservent des exemples.
Le verrier avait mis au point, pour l'occasion, une technique dite du "vitrail-Iumail ", associant vitrail et gémail (émail).
Le peintre-professeur :
Roger Clavequin n'aimait pas sortir de ses frontières géographiques. Il était attaché à sa cité des Princes et ne lui a fait, durant toute sa vie, que peu d'infidélités (le Haut-Doubs mis à part bien entendu). Tout au plus une ou deux incartades à Belfort, Besançon, Deauville - pour un salon - et Mulhouse. Habitué du rendez-vous annuel de Seloncourt, il n'a manqué pratiquement aucun salon local. Ce qui explique aussi que Roger Clavequin n'est pas très connu à l'extérieur. "Montbéliard, le Pays et le Haut-Doubs lui suffisaient, explique Gilles. D'ailleurs, ses clients sont en grande majorité franc-Comtois. On dénombre cependant quelques amateurs à "Paris, en Belgique et en Angleterre".

Roger Clavequin avait créé en 1960 le "Club des collectionneurs", un groupe d'amateurs effectuant des paiements anticipés sur les oeuvres  à venir. En 1981, le peintre se doubla d'un professeur patient au sein de son atelier-galerie-école qu'il installa rue du Château. Une quarantaine d'élèves suivait ses cours, dés les premières années, dont de nombreux enfants.

Quelques mois avant sa mort, ils étaient encore une quinzaine, adultes cette fois, à écouter les conseils prodigués avec beaucoup de gentillesse. Le rendez-vous de Goumois leur donnera l'occasion d'apprécier sa lumineuse technique du couteau, 
propre à éclairer les lourdes fermes de Blamont sous la neige ou bien, plus gai, le reflet du pont

de Battenans-Varins sur les eaux calmes du Dessoubre. L'univers éternel de Roger Clavequin.

Alain ROY

"Paysages comtois", de Roger Clavequin, à la maison du tourisme de Goumois, tous les jours de 10 h 30 à 12 h et de 15 h à 18 h, et jusqu'au 1er septembre.